Érotique, subversif et iconoclaste
Clovis Trouille
Érotique, subversif et iconoclaste.
Un métier peu banal : peintre de mannequins de vitrines. Cela consistait « à peindre des carnations, rehausser des maquillages, dessiner des arcades sourcilières, des grains de beauté, des pointes de sein … Un métier, ajoute Anne-Laure Sol, qui lui procurait beaucoup de plaisir et lui a permis à la fois de vivre son érotisme au quotidien et d’exprimer le souci d’extrême précision qu’on retrouve dans sa peinture ».
Le tout dans des couleurs vives – comme la plupart des tableaux de Clovis Trouille – avec des contours précis et un grand soin dans le rendu des matières. Clovis Trouille dit lui-même de cette œuvre – qui le fera connaître des surréalistes en 1930 – qu’elle est « un exutoire personnel provenant du traumatisme de la guerre de 14-18 ». Une guerre après laquelle, dit-il, « je n’ai pu peindre comme au temps où j’étais un grand peintre ». « Grand peintre », celui qui se définit comme un « peintre du dimanche » le reste pourtant par la composition et la facture de ses tableaux.
L’humour aussi est souvent présent dans son œuvre, comme lorsqu’il met en scène ses propres funérailles (Mes funérailles), avec des titres-calembours, comme Oh Calcutta ! Calcutta ! (dont s’inspireront en 1969 les auteurs d’une comédie musicale à Broadway). Ses tableaux se nourrissent aussi de références à la littérature (Le Bateau ivre ) ou à la peinture classique, par exemple Le rêve d’Alice qui renvoie à l’embarquement pour Cythère de Watteau. Car Clovis Trouille « était un homme très cultivé, sa passion était les livres et la poésie. Et quand il venait à l’Isle Adam – c’était toujours un événement – on parlait davantage poésie que peinture », se souvient son petit-fils.