Remembrance – un « tableau anti-tout »

Remembrance 1930 – 1933, huile sur toile 70 x 86 cm-Dali-Surréalisme-guerre

Remembrance 1930 – 1933, huile sur toile 70 x 86 cm

Après sept ans sous les drapeaux, dont quatre ans de guerre, il travaille pendant trente-cinq ans comme maquilleur-retoucheur chez un fabricant de mannequins. Il peint pendant ses loisirs des toiles où les thèmes de l’anticléricalisme, de l’humour macabre et de l’antimilitarisme reviennent fréquemment. Traumatisé par la Première Guerre mondiale, il se définit comme anarchiste.
Remembrance (1930-1933) est un « tableau anti-tout ».
En décembre 1931, une de ses œuvres, Remembrance, est reproduite dans le n° 3 de la revue Le surréalisme au service de la révolution.
Deux soldats morts, l’un français l’autre allemand. Ils tiennent dans leurs bras des croix de bois estampillées « 1914-1918 » et des lapins. A l’arrière plan, une muse contorsionnée dans les airs, arborant une jarretière aux couleurs tricolores, déverse une pluie de médailles sur un chef militaire, recevant la bénédiction d’un cardinal en porte-jarretelles. Profondément marqué par la grande guerre, à laquelle il a été contraint de participer, Trouille dénonce ici le sang des faibles répandu pour le prestige de quelques « élites ».
« – Nous étions la génération sacrifiée. Privé d’amour au meilleur âge de la vie, je sortis de cette guerre abruti par les dangers, l’oeil furieux, le coeur plein de rage…
Toutes les belles années de ma vie se sont passés à la guerre, n’est-ce-pas, je ne pardonnerai jamais une infamie pareille. J’ai gardé un tel souvenir. Je suis ressorti absolument traumatisé de la guerre 14-18. Abruti complètement.
La patrie, c’est le pays où on peut vivre le mieux, ce n’est pas autre chose ; ce n’est pas l’endroit où l’on est né. La patrie, c’est le pays où l’on peut être heureux. C’est ça la patrie que l’on a à défendre, et non pas un pays, un pays qui nous fout toute notre vie dans des guerres « .
style= »text-align: left; »>C’est ce tableau qui va marquer Dali, en 1930, lors d’un salon consacré aux artistes révolutionnaires. Dali présentera alors Trouille à Eluard, Aragon et Breton. Bien qu’ayant un peu participé aux activités du groupe surréaliste, Clovis Trouille a finalement conservé ses distances, définissant son art, non pas comme surréaliste, mais comme « super réaliste ».

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